Une juge ordonne un procès en octobre, lors d’un premier face-à-face judiciaire


Un écran de téléphone affiche le compte Twitter d’Elon Musk, avec une photo de lui en arrière-plan, le 14 avril 2022, à Washington, aux Etats-Unis.

La bataille judiciaire entre Twitter et Elon Musk s’est ouverte, mardi 19 juillet, avec une première audience, une semaine après que la plate-forme a lancé des poursuites contre le patron de Tesla et de SpaceX. Une juge américaine a fixé le début du procès au mois d’octobre, pour une durée de cinq jours, accédant à la demande du réseau social pour une procédure rapide.

La plate-forme a lancé, la semaine dernière, des poursuites contre le patron de Tesla et de SpaceX pour le forcer à honorer son engagement de l’acquérir pour 44 milliards de dollars. Twitter a souhaité une procédure accélérée, dès le mois de septembre, pour ne pas faire durer la période d’incertitude qui paralyse en partie l’entreprise.

La juge Kathaleen McCormick, présidente d’un tribunal spécialisé en droit des affaires dans le Delaware (nord-est), a reconnu que « des délais risquaient de causer des dommages irréparables à Twitter ». Elle a aussi mentionné qu’il n’était pas certain que le paiement de dommages et intérêts de la part d’Elon Musk suffise à réparer les torts subis.

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Les avocats d’Elon Musk avaient déposé vendredi un recours pour que les hostilités ne soient pas ouvertes avant l’année prochaine. Ils assurent que les experts vont devoir analyser « des montagnes de données » pour prouver, comme l’affirme le multimilliardaire, que la plate-forme est truffée de comptes automatisés et de spams, bien au-delà de la proportion des 5 % rapportée officiellement. C’est la raison qu’Elon Musk avait donnée pour mettre fin unilatéralement à l’accord de rachat du réseau social qu’il considère comme une « place publique » essentielle à la « démocratie ».

Twitter favori

« Ce sujet, qui selon Musk va nécessiter un examen complexe, est un problème inventé de toutes pièces, conçu pour compliquer les choses et causer des retards », a argumenté William Savitt, l’avocat de Twitter. « L’accord de fusion ne mentionne même pas les bots ou les spams », a-t-il insisté. « Nous soupçonnons que M. Musk veuille retarder ce procès suffisamment longtemps pour ne jamais avoir à rendre de comptes. (…) Il sait que dans ce genre de circonstances, une justice en retard est souvent une justice non rendue. C’est même ce qu’il espère », a-t-il assené.

Bien qu’elle traverse une crise d’image après des mois d’attaques et de dénigrements de la part de son ancien prétendant, la plate-forme part favorite dans ce bras de fer. « L’action de Twitter est en forme » depuis le dépôt de la plainte, a noté Dan Ives, analyste de Wedbush Securities. « Il semble que de nombreux investisseurs qui l’ont lue en ont conclu que cet affrontement à la Game of Thrones dans les tribunaux va se finir par une victoire de Twitter. »

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Par « victoire », l’expert entend une décision de la juge qui forcerait Elon Musk à acheter l’entreprise au prix convenu fin avril (54,20 dollars l’action) ou à payer des dommages et intérêts importants. La probabilité qu’il s’en sorte en ne déboursant que les indemnités de rupture de l’accord, soit un milliard de dollars, ou qu’il soit déclaré dans son bon droit, est considérée comme très faible.

Un procès peut encore être évité

Le contentieux dépend du Delaware Court of Chancery dont sa présidente Kathaleen McCormick - la première femme à ce poste - s’est saisie du dossier. « C’est une juge très sérieuse, qui ne sera pas intimidée par l’une ou l’autre des parties. (…) Dans le passé, elle ne s’est pas montrée tendre avec ceux qui font preuve de mauvaise foi », souligne Adam Badawi, professeur de droit à l’université de Berkeley.

Dans sa plainte, Twitter a accusé Elon Musk d’avoir fait preuve « d’hypocrisie » et de « mauvaise foi ». Les avocats de la société estiment qu’il a changé d’avis face à la récente baisse des valorisations en Bourse des entreprises technologiques.

Kathaleen McCormick est notamment connue pour avoir imposé à Kohlberg, une entreprise qui avait aussi tenté de rompre des fiançailles, de racheter la société en question, DecoPac. Le destin de l’oiseau bleu, réseau social utilisé dans le monde entier par des personnalités politiques, célébrités, militants et influenceurs, semble avoir peu en commun avec celui d’organisations moins en vue. Le multimilliardaire et le conseil d’administration peuvent encore choisir de se mettre d’accord sur un prix légèrement inférieur et éviter ainsi le procès.

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Le Monde avec AFP



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